Alter_ est heureuse d’avoir accompagné l’Office de Tourisme de L’Ile Rousse Balagne dans son (re)positionnement stratégique et dans la construction de l’univers verbal de Lisula ; une marque de destination pas comme les autres, qui ambitionne de transformer le touriste consommateur en voyageur curieux des territoires vécus qu’il arpente. Tout un programme…
De l’atelier de plateforme de marque, au choix de la signature, en passant par la charte éditoriale et le manifesto, ce fut une grande et belle aventure humaine, à l’image des valeurs de la marque.

Ici, le fil du temps se tisse avec patience. Une feuille virevolte au ralenti, loin du tumulte urbain. Tantôt guidée par le Libecciu, la Tramontane ou le Mistral, elle voyage, légère, où les vents la portent. Et d’aventures en aventures, elle découvre que le monde est un jardin, que chaque jardin cache un monde luxuriant à explorer. [On retrouve cette feuille dans l’identité visuelle et dans le signe]
Une découverte se cache au fond de ce jardin d’histoires à écouter ou à écrire, au gré des rencontres qui promettent de transformer et grandir tant les humains qui l’habitent que ceux qui le traversent. [On imagine qu’il faut pousser délicatement les feuilles pour découvrir ce qui se cache derrière le feuillage. Un peu de curiosité sera nécessaire dans l’exploration…]

Lisula est un chemin, une « feuille » de route pour un voyage intérieur en plein air, une trame vivante, plurielle, un entrelacs de villages, de paysages aux palettes multicolores, aux teintes changeantes, où chaque sentier, chaque crête est un nouveau chapitre, une ode à la liberté, une invitation au vertige des sens et à oublier ce que l’on tient pour acquis.

C’est un Eden où se cultivent autant la terre que l’esprit [le bien-être est aussi « actif » : anima sana in corporel sano] à travers les saveurs, les savoir-faire et les savoirs.
Voici un fil d’or que l’on peut suivre – à pied, à vélo, en parapente ou à la nage ! [Lisula, c’est le paradis de l’outdoor]– et qui nous guide au cœur d’un territoire vécu et vivant. Ici, on vient se perdre pour mieux se retrouver, porté par la quiétude d’une nature sauvage et une hospitalité qui traverse les générations, entre l’écho des voix d’antan et les polyphonies du présent.

Dans ce paysage façonné par l’humain et les éléments, par les forces de la nature, l’ocre lumineux des îlots de porphyre résonne avec l’adage des Balanins : « Balanini, unti è fini » – oints… malins et fins –, dont l’huile d’olive est l’âme fluide et solaire d’un lieu qui ne craint pas de se réinventer, au fil de l’eau et du temps, sans jamais rompre le lien avec sa mémoire.
Si la Balagne est surnommée le « jardin de la Corse », l’oléiculture s’y développe notamment sous la domination génoise : en 1548, la république de Gênes impose la plantation de 4 arbres par propriétaires : figuiers, châtaigniers, mûriers et… oliviers.

Et sous des cieux immenses, le soleil vient chaque jour déposer des touches d’or sur l’horizon infini. D’or comme l’huile soyeuse des oliviers mais également des immortelles au nom évocateur. Sentinelles discrètes d’une terre qui exhale un parfum d’éternité, dont chaque effluve porte un murmure et chaque pierre l’empreinte discrète de celles et ceux qui l’ont foulée. Chaque sentier tracé par ces pas millénaires nous souffle une histoire et chacun des sillons recèle une promesse silencieuse de transmission.
[Et parce que Lisula est aussi ludique et créative, on s’amuse de ce petit point de repère jaune, que l’on peut déplacer telle une gommette et qui peut évoquer tantôt le soleil au zénith, qu’une olive ou encore l’immortelle]

Lisula est une destination de mouvement, qui déroule et file son récit au rythme des chemins, des criques secrètes, des crêtes escarpées, des marchés bruissant d’accents jusqu’aux sentiers perchés où l’on peut effleurer du bout des doigts l’étoffe d’un ciel si bleu qu’il se confond avec la mer, tel un mirage.
Elle déploie ses richesses et se livre sans ostentation ni artifices aux voyageurs respectueux, curieux et prompts à ouvrir grand les yeux autant que l’esprit, pour s’émerveiller devant la volupté qui s’offre à eux.

Elle est cette douce promesse d’une respiration, d’une caresse de soleil printanier sur la peau, du souffle chaud du maquis, sauvage et accueillant, des rumeurs de rires portés par le vent, qui se mêlent au chant des grillons et s’envolent avec les milans, dans l’intimité des longues soirées d’été entre amis à contempler l’horizon infini.

Lisula n’est pas une destination de tourisme à consommer, mais un voyage sans tapage, une traversée, une échappée créative, une épopée poétique et joyeuse, à la mesure de doux rêves d’ailleurs.
C’est la promesse d’une rencontre qui bouge les lignes d’horizon et métamorphose, où la convivialité y est cousue main, à la mesure de chacun. C’est un fil de soi(e) tendu vers l’Autre, entre hier et demain, entre ici et l’inconnu, dans un moment suspendu, le temps de l’aventure.
Lisula est un lieu où laisser son empreinte, qui s’imprime en vous en retour.
Lisula est une odyssée grandeur nature.

Même si Lisula n’est pas en Grèce mais en Corse, elle appartient à ce berceau méditerranéen nourrit des récits de l’Odyssée – d’Homère. Une histoire dans laquelle Ulysse entreprend un long voyage initiatique, au cours duquel il fera mille rencontres et vivra mille aventures qui vont le transformer à tout jamais.
Pendant ce temps-là, Pénélope tisse une toile qu’elle défait chaque jour, pour recommencer son oeuvre au petit matin. Son quotidien se répète, identique à la veille, pareil au lendemain.
À son retour à Ithaque, personne ne reconnaît Ulysse – à part son chien – tant il est métamorphosé par son voyage. Nul retour en arrière n’est désormais possible, car le temps a passé et le voilà Autre, transformé. « Si l’origine est fixe, l’identité évolue« , comme le dit le fabuleux dramaturge Wajdi Mouawad.
« Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage« …
« Heureux qui comme Ulysse » est un sonnet écrit par Joachim du Bellay au XVIe siècle. L’auteur y évoque Ulysse qui, après mille aventures, aspire au retour et à retrouver son foyer. Le poème célèbre le bonheur de revenir chez soi après avoir connu le vaste monde.
L’aventure est belle, elle enrichit, car elle permet de vivre ses rêves grandeur nature – en « vrai » -, dans cette nature immense, devant laquelle chacun retrouve un peu d’humilité.
Mais le retour1 a quelque chose de beau, lui aussi, dans l’attachement raisonnable à ce qui nous fonde : l’univers familier et la simplicité possèdent, après la découverte éreintante du monde – disons-le ! – d’inestimables vertus (cf. Montaigne, Pessoa, Voltaire, la protection de l’environnement, etc.).
C’est ce processus de processus de transformation – positif – au contact des rencontres et des aventures, que l’on avait envie de rapprocher métaphoriquement d’une métamorphose souhaitable du touriste en voyageur.
Alors, on avait envie de raconter que la « transformation » ne s’opère pas par magie, mais qu’elle est le fruit des graines que l’on sème et que l’on cultive… de l’élan et de la curiosité du voyageur pour l’exploration de la nature, de la nature humaine, pour l’aventure au grand air, le bien-être actif, l’aventure humaine, pour ces rencontres avec une altérité qui transforment et font grandir. Pas seulement pour le goût de l’eau salé et du soleil qui bronze les peaux, sur le littoral. On avait envie que le voyageur se tourne davantage vers l’intérieur du territoire, là où se trouve les humains qui cultivent leurs jardins, plutôt que vers le littoral et ses clichés exotiques de cartes postales.

On avait envie de dire que toute la beauté du voyage, c’est de partir à la découverte de cette polyphonie de couleurs que l’on ne connait pas encore, de partir à l’aventure, de rester ouvert à l’inconnu, de ne pas rester sur les sentiers battus, sur les parcours tous tracés. On avait envie de souhaiter que le voyage soit formateur, qu’il « dé-payse » véritablement, qu’il permette un pas de côté, qu’il bouscule, qu’il bouleverse et renverse l’ordre habituel de la perception des Autres, de nous-mêmes et des paysages familiers. Parce que le voyage peut avoir lieu à deux pas de chez soi… si l’on fait de la place pour philosopher et cultiver son jardin intérieur. Voilà qui serait une intéressante philosophie du voyage, loin du consumérisme touristique !

Souhaitons que toutes les collaborations puissent ressembler à cette aventure et que les voyageurs puissent, à leur tour, savourer ce territoire vécu comme il se doit, à travers d’aussi belles rencontres.
Longue vie à Lisula, une destination où vivre l’épopée de ses rêves grandeur nature !
Commande : Atelier de plateforme de marque, signature de marque, manifesto, charte éditoriale et univers verbal
Client : Office de Tourisme de L’Ile Rousse – Balagne
Année : 2025
Identité visuelle : Mathias Rabiot de l’Agence Graphéine.
- Il va de soi que le retour d’Ulysse à Ithaque n’est pas une sinécure, étant donné qu’il doit se cacher le temps d’éliminer tous les prétendants de Pénélope qui se sont installés chez lui. À l’image de l’Odyssée qui est une suite de péripéties et de tempêtes, entre Charybde et Scylla, une rencontre avec un cyclope, puis une nymphe amoureuse, des disputes entre dieux, un équipage transformé en porcs… ↩︎