altertium non datur

Rexistance

La résistance, le déni et parfois la violence, qui peuvent se manifester face au changement, de quoi sont-ils le nom, voire le symptôme ?

Et si résister n’était pas toujours un acte de force, mais un mécanisme de défense inconscient pour protéger le psychisme contre des représentations menaçantes, des pertes symboliques ou des bouleversements intérieurs ? Comment savoir si/quand ce qui protège ne nous enferme pas également ?

La résistance au changement est un comportement qui se manifeste lorsqu’une personne ou un groupe est confronté à une transformation (in)consciemment perçue comme menaçante. Elle peut prendre la forme d’une inertie silencieuse, du scepticisme, du sabotage actif ou simplement du désengagement. Elle trouverait son origine dans la peur de l’inconnu, la perte de repères ou encore la crainte de perdre des acquis, car l’être humain privilégie instinctivement la stabilité et la prévisibilité.

DES RÉSISTANCES INDIVIDUELLES…

Le concept de résistance en psychanalyse a été introduit par Sigmund Freud, dès les débuts de sa pratique clinique. Dans L’interprétation des rêves (1900) et dans Métapsychologie (1915), il postule que la résistance est la force par laquelle le patient s’oppose à la mise au jour de représentations refoulées. Cette résistance serait, selon lui, un mécanisme inconscient de défense visant à protéger l’appareil psychique de contenus menaçants.

La résistance serait donc souvent liée à la peur et à la projection d’une perte, changer implique de renoncer à des défenses psychiques archaïques ou à des schémas répétitifs sécurisants, voire pathologiques. Selon Joyce McDougall, dans Théâtres du Je (1989), la répétition symptomatique sert à éviter le vertige de l’inconnu. Ainsi, la peur serait moins celle du changement que celle de l’effondrement du système défensif.

Dans sa dans la 31e conférence, intitulée « Le découpage de la personnalité psychique », in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse (1933) Freud identifie différentes formes de résistances : d’une part, la résistance du Moi, qui procède du refoulement et de la défense, où le Moi rejette des représentations menaçantes afin de préserver sa cohésion, d’autre part, la résistance du Surmoi, liée à des tendances auto-punitives, à la culpabilité inconsciente et à des interdits moraux intériorisés, puis enfin, la résistance du Ça, une résistance paradoxale, qui proviendrait des pulsions archaïques elles-mêmes, craignant leur propre frustration si celles-ci venaient à se frayer un chemin jusqu’à la conscience.

Dans Au-delà du principe de plaisir (1920), Freud associe la résistance à son concept de « compulsion de répétition » : la répétition d’un scénario douloureux permettrait, selon lui, de maîtriser symboliquement un trauma non intégré. C’est pourquoi, changer reviendrait à renoncer à cette maîtrise illusoire et à accepter la perte réelle.

C’est dans cet ouvrage, il aborde également le jeu du fort-da. Il y décrit ce qu’il observe alors que son petit-fils est en train de jouer à un jeu consistant à faire disparaître et réapparaître un objet. Plus précisément, il s’agit d’une bobine qu’il lance en disant « fort » – parti –, puis la ramène vers lui en disant « da » – là. À travers ce jeu d’une simplicité déconcertante, l’enfant chercherait à apprivoiser l’absence de sa mère en la mettant en scène  –  parti  – et en contrôlant symboliquement son retour – là.

Ce mécanisme pourrait également éclairer la résistance au changement chez l’adulte, qui, face à une perte de repères ou à l’incertitude, reproduit des comportements anciens et familiers afin de se rassurer et garder le contrôle. La bobine se meut ainsi en symbole d’un mouvement entre perte et retour, connu et inconnu, absence et maîtrise.

Résister au changement revient à rester attaché à ce va-et-vient répétitif plutôt que d’accepter la perte et d’oser le grand saut vers l’inconnu et le nouveau. Comprendre cela invite à accompagner le changement en permettant à chacun de symboliser la perte et de se créer de nouveaux repères, en comprenant ce qu’il y a à y gagner.

Dans Jeu et réalité : l’espace potentiel (1971), Donald Winnicott appréhende la résistance comme un indicateur précieux. Il y démontre qu’elle marque l’endroit exact où l’individu se sent en danger psychique. Aussi, respecter cette résistance sans la brusquer permet au patient de construire un espace potentiel pour le changement, sans se sentir menacé.

… AUX RÉSISTANCES COLLECTIVES

L’introduction de nouveaux mots – « wesh », « crush », etc. – ou formes grammaticales, dans le dictionnaire suscite souvent de vives réactions de rejet ou de moquerie, perçus comme des atteintes à la pureté ou à la tradition. Ce conservatisme linguistique pourrait témoigner, là encore, de la peur de perdre un patrimoine immatériel ou un socle culturel et identitaire. Pourtant, si l’évolution linguistique est bel et bien – quoiqu’on en dise – un signe de vitalité, la stagnation et le fait que les jeunes générations n’aient plus la possibilité de se s’approprier la langue pour exprimer les problématiques et désirs de leur époque ressemble davantage à un signe avant-coureur de mort annoncée qui la condamne irrévocablement à l’oubli. L’ « ayatollisme » – intrinsèquement excessif –, dans ce domaine, n’est-il pas encore l’expression d’une perte projetée de pureté, qui ignore que le métissage lexical, depuis toujours moteur de richesse ?

Comme le souligne en substance le linguiste Claude Hagège, dans Halte à la mort des langues (2000), au chapitre intitulé « Existence et vie », une langue figée devient une langue morte.

Dans Narcissisme de vie, narcissisme de mort (1983), André Green parle de « défenses collectives » lorsque des sociétés résistent à des transformations politiques ou culturelles, par peur d’une perte identitaire ou de l’effondrement de cadres symboliques.

Les crispations face à des réformes sociétales, comme le mariage pour tous, par exemple, peuvent alors être symptomatique des résistances collectives face à la perte projetée d’un ordre symbolique ancien.

De la même façon, l’ostracisme qui se manifeste lorsque les individus ou les groupes estiment que leur culture, leurs traditions ou leur position sociale sont menacées par l’arrivée de nouvelles populations ou par la montée de la diversité, la violence devient une réponse défensive. Cette posture et cette crainte de « se diluer », révèle assez clairement une difficulté à accepter que l’identité culturelle puisse intégrer, sans disparaître, et surtout qu’elle soit dynamique et toujours en devenir.

S’il est ardu de comprendre ce choix d’un point de vue humain et cartésien, le vote en faveur de l’extrême droite  s’explique sans doute par cette peur de perdre son identité en étant « altéré » – changé –  au contact de l’altérité de l’Autre, de l’inconnu et de l’inconfort qu’il porte. Notons qu’en corse, il existe deux mots pour dire « étranger » : « furesteru » – celui qui vit au-delà des limites de la forêt (furesta), en somme, celui du village voisin – puis, « stranieru » – celui qui vit au-delà des frontières insulaires. En somme, il existe différents degré d’étrangeté dont les barrières sont immédiatement abolies par cette phrase lumineuse à l’origine obscure :


« Il n’y pas d’étranger, il n’y a que des amis que l’on n’a pas encore rencontrés. »

« There are no strangers here; Only friends you haven’t yet met. »

En outre, il n’est peut-être pas anodin que le doute sur l’origine ou l’existence du réchauffement climatique ne découle pas d’un manque de connaissances ou d’une défiance des scientifiques, mais d’un rejet de ce qui menace certains modes de vie et valeurs.

Disons même que le climatoscepticisme est un exemple concret qui permet d’illustrer très clairement comment le déni peut être nourri par la crainte de perdre un confort. Les personnes concernées projettent cette peur qui alimente un rejet de données scientifiques pourtant consensuelles. 

L’étude de l’ONG « Parlons Climat » (2023) montre que cette posture touche tout particulièrement des groupes sociaux qui se sentent fragilisés. Le déni deviendrait ainsi une stratégie de défense contre l’inconfort psychologique qu’implique l’acceptation d’un changement inévitable.

Ainsi, il n’est pas surprenant de lire que cette radiographie des climatosceptiques français démontre qu’ils sont plutôt de droite, âgés et opposés aux écologistes.

Autre exemple très didactique : les changements de noms de lieux, de rues, de bâtiments, d’institutions, de marque ou les changements de logos suscitent fréquemment des résistances virulentes.

On les accuse souvent d’effacer l’histoire. Pourtant, ces décisions visent le plus souvent à accompagner une nouvelle page de l’histoire collective, tournée vers un avenir plus inclusif. 

À ce sujet, le Post Facebook de Yasmine Bouagga, maire du 1er arrondissement de Lyon, le 04 mars 2025, apporte un point de vue très intéressant, à partir de son expérience et de la lecture, notamment, de Politiques de la mémoire (2021), de Pierre Tevanian :


« Les espaces publics sont des lieux de mémoire, de contestation mémorielle et parfois d’appropriation. Certain.e.s y voient une dérive, un signe de politisation de la mémoire voire d’instrumentalisations. Pourtant, rien de nouveau à cela. Chaque époque a célébré ses héros et honoré ses victimes, manifestant ainsi un attachement des individus à un collectif, et un attachement collectif à des valeurs. Toutefois ces politiques de la mémoire ne sont pas une émanation, spontanée et consensuelle, d’un corps social homogène : elles font l’objet de luttes, elles peuvent être des instruments de domination des puissants (l’État, l’armée, etc.), et être contestées par les opprimés exigeant reconnaissance – comme les victimes de génocide, de l’esclavage, des crimes coloniaux.

Revenant sur des controverses contemporaines, Pierre Tevanian montre que toute mémoire est sociale et politique : dès lors, édifier un monument ou le déboulonner, nommer une rue ou la débaptiser, sont des manières de rendre le monde habitable et respirable, en y inscrivant ce qui soude des valeurs communes, et en retirant – non pas de l’histoire, qui ne s’efface pas, mais des hommages publics – ce qui blesse et fracture. L’ouvrage est disponible dans toute bonne librairie, et on peut trouver les réflexions de Tevanian sur le blog « Les mots sont importants ».

À Lyon 1er, un travail de sensibilisation est mené, à travers divers événements, sur les mémoires (dé)coloniales, certaines rues peuvent être renommées au bénéfice de la visibilisation de femmes remarquables, un panneau a remplacé le portrait de l’Abbé Pierre sur le mur des Lyonnais, etc.. La ville de Bordeaux – à laquelle il a longtemps été reproché de ne pas assumer son rôle pendant la colonisation, au titre de premier port colonial et troisième port négrier, entre le XVIIe et le XIXe siècle  – ne semble pas avoir fait le même choix et n’œuvre pas sur le même niveau de changement.

Depuis maintenant une quinzaine d’années, elle a entrepris une démarche qui consiste notamment à poser des plaques explicatives pour les rues portant des noms de négriers – cf. article dans Le Monde (2017). Plus récemment, elle a encore installé des plaques de rues biographiques, éclairant le rôle joué par certains négriers qui ont donné leur nom à des rues bordelaises.

Une façon de ne rien changer pour ne pas trop « bousculer » le confort psychique des administrés ou pour éviter de faire face aux déferlements de haine et autres projections d’affects mortifères  ? On pourrait questionner le fait de faire la promotion de la sécurité comme valeur.

Certes, on imagine bien qu’il faut avoir du courage et les épaules solides, pour supporter la fonction, car beaucoup pensent devoir partager un avis tranché – à chaud  – sur absolument tout et n’importe quoi. Et même si, comme le soulignait Umberto Eco, cela a toujours été, ça n’en est pas moins lourd :


« Les réseaux sociaux ont donné le droit à la parole à des légions d’imbéciles qui avant ne parlaient qu’au bar et ne causaient aucun tort à la collectivité. On les faisait taire tout de suite. Aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. »


On peut conférer toute une liste de bienfaits à la démocratie participative, tout en lui concédant également qu’elle peut être une plaie, lorsqu’elle augmente le flux des bruits du monde jusqu’à le rendre assourdissant, comme dans ce genre de cas.

Puis, les exemples de ce type sont pléthore, pour peu que l’on observe autour de soi : le changement de logo qui fait scandale en ce moment est celui des enseignes « Presse ». Il génère de violentes critiques ad hominem, sur les réseaux sociaux, qui vont jusqu’à accabler directement les concepteurs qui en sont à l’origine. En réalité, personne n’y prêtait plus attention avant qu’elle ne change ; disons même qu’elle était totalement invisibilisée par l’habitude et faisait partie du paysage.

Pourtant, c’est systématique, dès lors que  l’on « touche » à une marque ou un symbole qui appartient au quotidien, les esprits s’échauffent et les langues déversent leur fiel, avant que – finalement et comme chaque fois – cela devienne la nouvelle norme et que l’on passe au scandale suivant, venu supplanté le précédent, ad nauseam.

Cette réaction collective, presque réflexe, trouve un écho dans le concept de « société liquide » développé par Zygmunt Bauman, dans La vie liquide (2013). Selon lui, la modernité liquide se caractérise par l’instabilité, la volatilité et le changement perpétuel. Les repères stables tendent à se dissoudre au profit d’une société où tout est éphémère, rapidement contesté puis oublié.

Les polémiques liées à la transformation d’une marque ou d’un symbole de notre quotidien semblent s’inscrire dans ce cycle typiquement liquide : d’abord la crispation, la réaction vive face à ce qui semble remettre en cause un repère collectif ; puis l’acceptation progressive, et enfin l’oubli, remplacé aussitôt par un nouveau scandale.

Cette fluidité des indignations et des controverses reflète précisément cette instabilité sociale où l’on « consomme » les scandales aussi rapidement que les produits culturels ou médiatiques.

Alors, que dit de nous le fait que nous soyons capables de faire des « fast deuils » ? Cette superficialité des attachements ne concerne-t-elle pas, finalement, que des choses peu importantes au regards des vraies problématiques de nos société – le vivant, la mort, la maladie… ? Puis, n’est-ce pas le propre du vivant que d’être instable et de s’adapter au changement perpétuel ?

Quoiqu’il en soit, avant d’exprimer publiquement des émotions rapides, souvent excessives, de manière épidermique, et rapidement classées sans suite, il serait peut-être judicieux de questionner les raisons et la démarche qui ont conduit au changement de nom ou à la refonte de logo, c’est-à-dire, le « principe de réalité » – vs le « principe de plaisir » : les choix stratégiques, les contraintes, les exigences et la décision finale du commanditaire, etc.

Bien sûr, on peut toujours mieux faire, mais si « la critique est aisée, l’art est difficile », comme chacun le sait.

Il serait également bon de rappeler qu’en principe ces décisions ne sont prises ni pour nuire ni pour diviser, mais pour actualiser des symboles afin qu’ils soient en cohérence avec les valeurs contemporaines.

LA REXISTANCE

Pour parler de cette résistance au changement, j’ai eu envie d’imaginer un autre terme.


La rexistance est un néologisme alter_natif, formé à partir des mots « résistance » et « existence » – par analogie à la résistance au changement décrite en psychanalyse (Freud, 1933) – qui désigne une posture psychique dans laquelle l’individu s’oppose à l’élan vital du changement et à la dynamique du devenir – Éros, pulsion de vie –, défendant inconsciemment une forme d’existence figée dans laquelle s’ancrer – Thanatos, pulsion mortifère.

Cette dernière se manifeste dans les défenses rigides, les scénarios répétitifs et les postures de repli, dans lesquelles l’individu choisit l’immobilité psychique plutôt que d’affronter le vertige d’une transformation, à cause de l’inconfort et de l’angoisse face à l’inconnu.

Ainsi, la rexistance exprime le choix inconscient ou semi-conscient de demeurer dans un état d’inertie rassurant, où l’absence de prise de risque protège de tout déplaisir potentiel, mais prive également de tout accès au plaisir éventuel.

Cette posture s’oppose à l’ « intranquillité » féconde évoquée par Fernando Pessoa, cet état d’incertitude douloureux mais créatif, cette inquiétude fondamentale qui accompagne toute confrontation à l’inconnu, caractéristique de toute véritable et profonde expérience d’exister, dont le propre est d’exposer à la perte, à l’incertitude et à la vulnérabilité.

Dans la rexistance, l’individu « empêché » se complait dans le fait d’« exister sans vivre » en maintenant un équilibre statique, où rien ne bouge ni se transforme. Ce mécanisme fait écho au principe d’homéostasie – cette tendance naturelle du corps à ramener toute tension à zéro – et au principe de Nirvâna – ce fantasme de retour au placenta maternel, dans un état d’absence de besoin, de tension, et donc de désir. La (sur)vie s’y dissout lentement dans une sorte de momification confortable. Cela est prononcé sans jugement, car il n’est pas donné à tout le monde d’avoir la possibilité et le courage de vivre.

Ainsi, la rexistance illustre cette tendance profonde de l’être humain à s’accrocher à des scénarii répétitifs et des cadres rassurants, où la vie est réduite à une routine sans surprise, et à refuser le mouvement cyclique du vivant – fait de naissances, de joies, de pertes, de renouvellements et, inévitablement, de fins. 

En ce sens, la rexistance est l’expression d’un attachement morbide à l’immobilité, qui confond protection et régression, existence et figement, préservation et renoncement à vivre.

N’oublions pas que l’histoire nous offre nombre d’exemples de (résistance aux) changements, auxquels nous avons survécu  : lors de l’avènement de l’imprimerie, elle fut perçue comme une menace pour les copistes et les institutions religieuses qui détenaient le savoir manuscrit. Puis, ce fut le tour d’Internet, qui a pu générer des inquiétudes profondes – à juste titre ! – quant à la perte d’autorité des médias traditionnels et des éditeurs, mais qui a aussi permis de belles avancées en terme de démocratie participative, de droits des femmes, etc. Aujourd’hui, les intelligences artificielles suscitent à leur tour des résistances vives – toujours à juste titre ! –, notamment dans les milieux créatifs, éducatifs et juridiques, où elles sont perçues comme des concurrents menaçant l’expertise humaine et les modèles économiques établis.

L’équilibre est par définition instable ; il oscille sans cesse entre le maintien de ce qui doit perdurer et l’ouverture à ce qui change, entre résistance et lâcher prise. La perfection n’existe pas dans cette tension permanente entre tradition et progrès. Tout changement n’est certes pas favorable, mais son opposé — l’immobilisme ou le conservatisme rigide — ne l’est pas davantage.

Résister un peu ou même beaucoup lorsque l’enjeu est vital ou majeur est non seulement légitime mais nécessaire ; l’histoire l’a déjà démontré. Toutefois, ne faudrait-il pas davantage prioriser ses combats plutôt que de pointer l’index vers des faits mineurs alors que le monde brûle ?

Songeons que certains changements, imparfaits mais sincères, peuvent être bénéfiques, car ils nous obligent à évoluer, à nous adapter, et parfois à grandir. Et puis, qu’on le veuille ou non, il arrive que le changement s’impose, comme une claque en pleine figure. Alors autant s’y préparer, l’intégrer, l’apprivoiser, principe de réalité oblige – et avancer avec ce qui est, tout en continuant, avec nos moyens, à œuvrer humblement pour rendre le monde meilleur.

Surmonter la résistance au changement demande du temps, de l’écoute et de la pédagogie. Les leviers les plus efficaces passent par l’explication du « pourquoi » – en donnant du sens au changement –, la co-construction – en associant les collaborateurs en amont afin qu’ils deviennent acteurs – la transparence – en reconnaissant les inconvénients ou l’inconfort passager que cela peut entrainer sans chercher à tout positiver à tout prix – et surtout l’accompagnement – en (in)formant, rassurant et valorisant les bénéfices liés au changement plutôt que la perte éventuelle – de repères, notamment.

En somme, la résistance au changement est inhérente à toute transformation. Aussi, plutôt que de la combattre frontalement, il est sans doute plus constructif de l’écouter et de la comprendre, car c’est en répondant aux peurs et en donnant du sens que l’on peut espérer transformer ces freins en moteurs.

Souvenons-nous de ce qu’Antoine Lavoisier disait si bien :


« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »

Il y a donc fort à penser que, de même que le soleil s’est jusque-là levé chaque matin, succédant à la nuit, qu’importe quelle page se tourne, elle est toujours suivie d’une autre, pour les vivants.